Auteurs
Christophe Chiquet 1,2,3,4, Nathaly Gaudreault 5,6, Caterina Fede 7, Carla Stecco 7
1 Ostéopathe, Paris, France
2 Kinésithérapeute DE, MSc, DEA de Génie Biologique et Médical, option Biomécanique
3 Attaché à la consultation d’occlusodontie de l’hôpital Saint Antoine, Paris, France
4 Président de l’IRCEMH (Institut de Recherche Clinique et Expérimentale en Mécanobiologie Humaine)
5 École de réadaptation, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke, Canada
6 Chercheuse, Centre de recherche du centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS).
7 Department of Neurosciences, Institute of Human Anatomy, University of Padova, Padova, Italy
Article publié initialement en juillet 2023 dans la Revue de l’ostéopathie
De la cellule à l’environnement extracellulaire : un nouveau paradigme
L’utilisation des technologies numériques dans les outils d’investigation biologiques à partir des années 1980 a ou- vert des perspectives nouvelles en révélant une complexité du vivant jusque-là ignorée. La microscopie est indéniablement la technologie au centre de ces progrès permettant un changement de focale d’un univers micrométrique vers un environnement nanométrique. Cependant, ce kaléidoscope d’images présentant des vues très détaillées mais fragmentées ne pouvait suffire à faire émerger une compréhension globale des phénomènes observés. Ainsi, c’est plus certainement la collaboration de domaines scientifiques aussi divers que la physique et l’étude des matériaux, la chimie, la biologie, la médecine et les sciences de la santé, la psychologie, la sociologie ou la climatologie qui, en reliant entre elles les masses d’informations collectées par leurs nouveaux outils numériques, a contribué à faire émerger un nouveau cadre théorique avec la théorie de la complexité. L’un de ses initiateurs, Edgar Morin définit la complexité comme un tissu (complexus : ce qui est tissé ensemble) de constituants hétérogènes inséparablement associés qui pose le paradoxe de l’un et du multiple [1]. Il affirme [2] qu’« il faut échapper au réductionnisme, car nous ne pouvons comprendre un tout à partir de ses éléments de base, car le tout est plus que la somme des parties », et ajoute que « dans différents domaines scientifiques, nous parlons d’émergence. L’émergence signifie qu’un tout organisé produit des qualités et des propriétés qui n’existent pas dans les parties isolées. Le même tout organisé peut inhiber des qualités ou des propriétés qui existent dans les parties. »
La complexité fait apparaitre ces phénomènes émergents en réintroduisant les contextes négligés par le réductionnisme. Ainsi, loin de se limiter au seul passage d’une biologie cellulaire micrométrique à une approche moléculaire nanométrique, la complexité a jeté des ponts entre les niveaux d’organisation avec des approches multi-échelles [3] et produit des collaborations interdisciplinaires extrêmement fécondes.
Aussi, lorsque l’observation de ce nanomonde laisse entrevoir les structures les plus infimes des différentes organelles intra-cellulaires et leurs interactions réciproques, elle révèle également une multiplicité de composantes extracellulaires et ce micro-environnement que les cellules sécrètent pour interagir et composer les corps des organismes complexes : la Matrice Extra-Cellulaire (MEC) [4]. Fournissant aux cellules un support pour s’arrimer, s’agréger mais aussi se mouvoir et communiquer entre elles [5,6], la MEC forme des réseaux supramoléculaires complexes aménageant des espaces liquidiens propices aux échanges nutritifs et à l’élimination des déchets. L’ensemble de ces structures matricielles membraneuses, composées principalement de collagènes et d’élastine, dont le système fascial en est une des émanations [7], constituent un véritable continuum interconnectant les différentes structures anatomiques au sein de l’enceinte corporelle et permettant aux colonies cellulaires qu’elles transportent d’interagir avec leur environnement biologique et social. Ces dernières années, l’utilisation de l’endomicroscopie confocale laser a permis à Benias [8], Cenaj [9] et leurs co-auteurs de mettre en évidence la réalité anatomique et dynamique des espaces liquidiens interstitiels, endigués par ce réseau membraneux. Représentant un tiers de l’eau composant 70 % du corps, cette MEC interstitielle serait le siège des échanges entre les cellules et les systèmes circulants canalisés que sont les vaisseaux sanguins et lymphatiques tout en assumant un rôle mécanique pour amortir les contraintes en compression. Elle se trouverait également très impliquée aussi bien dans la signalisation essentielle au développement et à la migration des cellules que dans les réponses de défense à l’environnement de l’immunité innée ou de l’interaction avec le microbiote [10]. Dès lors, notre regard sur notre environnement biologique vacille, déplaçant le centre de gravité de la recherche en biologie jusque-là axé sur le cœur des cellules et leur noyau, sanctuaire génétique, pour s’at- tacher à découvrir leurs interactions avec le milieu interstitiel. Cette nouvelle approche biologique remettrait en cause le paradigme cellulaire pour une conception théorique plus complexe de l’interstitium théorisée par Theise dès 2005 [11]. Pour celui-ci, l’interstitium serait un espace extracellulaire dynamique et métaboliquement actif contenant du fluide interstitiel, des cellules et des éléments matriciels tels que des fibres de collagène et d’élastine et des glycosaminoglycanes. Il constituerait un organe à part entière remplissant des fonctions importantes telles que la régulation du pH, la circulation des fluides corporels et la transmission des signaux mécaniques.
Mécanobiologie et interstitium
La prise en compte des forces mécaniques en biologie a été l’une des avancées les plus déterminantes [12-15] permise par les nouvelles technologies numériques ces trente dernières années. Dénommée mécanobiologie à partir de la fin des années 90, cette nouvelle discipline biologique a fait émerger des outils et des méthodes propices à montrer l’influence des forces au sein du vivant. Bouleversant la vision réductrice d’une biologie cantonnée aux interactions chimiques, l’intégration des contraintes mécaniques [16,17] dans la modélisation des processus du vivant et de ses constructions architecturales (cellulaires, matricielles, tissulaires et corporelles) s’est imposé au fur et à mesure que la microscopie a permis d’identifier les nombreuses composantes cellulaires et matricielles et leurs interactions mutuelles. Au niveau moléculaire, la mécanobiologie est étroitement liée aux interactions entre les protéines et l’eau. Cette dernière, constituant majeur de l’organisme aussi bien intra qu’extra cellulaire, possède des propriétés physico-chimiques [18,19] essentielles aux processus mécaniques en raison de son interaction avec les protéines dont elle détermine la structure spatiale, permettant notamment leur repliement. Sa quantité et sa distribution dans les tissus peuvent affecter leur réponse mécanique aux forces extérieures [20]. Au sein de la cellule, le cytosquelette et son réseau protéique réticulaire (filaments d’actine, intermédiaires ou microtubules) qui soutient sa structure, joue un rôle essentiel dans la mécanotransduction, processus actif qui convertit les forces mécaniques en signaux cellulaires électriques et biochimiques, et plus passivement dans la résistance mécanique des cellules et des tissus. L’environnement matriciel [21] est également impliqué dans cette architecture mécanique avec deux types de composantes distinctes membraneuses (lame basale, membranes fasciales) ou aqueuses. Les premières sont composées essentiellement de fibres de collagènes ou d’élastine servant de support matriciel. Dans les milieux aqueux, les composantes structurelles essentielles sont les glycosaminoglycanes (GAG) sulfatées (chondroïtine sulfate, dermatane sulfate, kératane sulfate et héparane sulfate) et l’acide hyaluronique (AH) non sulfaté. Les GAG sulfatés se lient à des tiges protéiques pour former des protéoglycanes (PGs) alors que l’AH se polymérise pour constituer des molécules pouvant atteindre plusieurs millions de daltons. Leurs propriétés électrochimiques leur confèrent la capacité à retenir de grandes quantités d’eau. Cette interaction avec l’eau au sein des tissus est essentielle au maintien de l’hydratation, à leur fonction de tampon, de liaison, de résistance aux forces mécaniques notamment aux propriétés visco-élastiques. Longtemps considérées comme des composantes structurelles passives, les GAG se révèlent activement impliqués dans les processus mécanobiologiques. Des études récentes [22] montrent l’implication des PGs dans la croissance, la régulation de l’inflammation, la modulation de l’adhésion, de la migration, de la prolifération et la signalisation cellulaire. L’AH [23,24] se distingue avec des propriétés de lubrification, de soutien structurel matriciel et par son implication dans la migration cellulaire et la transduction des signaux mécaniques. En raison de leurs différences structurelles et fonctionnelles, les différents PGs sont spécifiques d’une structure anatomique donnée (par exemple : agrécane pour le cartilage, versican pour les tissus conjonctifs et les vaisseaux sanguins, syndécane pour les fibroblastes et les cellules musculaires lisses) alors que l’AH se distingue par son caractère ubiquitaire.

Ce schéma montre comment les signaux mécaniques sont transmis au noyau via les intégrines et le complexe d’adhésion focale puis par l’intermédiaire des composants du cytosquelette au nucléosquelette. Les zones en jaune indiquent les trajets de transmission des signaux de mécanotransduction.
Prenant en compte les propriétés physico-chimiques du microenvironnement, un certain nombre de modèles [25] ont essayé de fournir un cadre théorique intégrant les contraintes mécaniques en biologie et reliant les observations nano et microscopiques aux constructions architecturales corporelles. Centré sur les propriétés visco-élastiques des milieux aqueux, le modèle sol-gel repose sur les modifications des propriétés rhéologiques intra-cellulaires en fonction de la longueur ou de la densité des réseaux réticulaires (filaments d’actine, intermédiaires ou microtubules). Le modèle du matériau mou vitreux considère les cellules et les tissus comme des matériaux à la fois mous capables de déformations importantes et vitreux dont le comportement sous contrainte est similaire à celui des verres amorphes. Celui des gels actifs et liens croisés dynamiques décrit les tissus, les cellules ou la MEC comme des gels actifs qui peuvent générer et transmettre des forces grâce à l’activité de leur constituants (filaments d’actine, moteurs moléculaires). Ces gels se trouvent interconnectés par des liens croisés dynamiques qui peuvent se former et se rompre en réponse à des signaux physiques et biochimiques pour leur permettre de maintenir leur structure et leur fonction. Initiée par Ingber [26,27] à partir d’un concept architectural emprunté à Fuller [28], la tenségrité propose un modèle tis- sulaire à l’échelle macroscopique où les structures propres à se stabiliser par un jeu de forces, de traction et de compression, se répartissent et s’équilibrent de manière dynamique afin de conserver leur intégrité. Plus récemment, un certain nombre de publications [29-31] accordent un rôle essentiel à l’acide hyaluronique en raison de son omniprésence et de ses propriétés singulières. Cependant, si chacun de ces modèles apporte des réponses dans des situations particulières, aucun ne fournit un cadre théorique mécanobiologique global et complet.
Ces dernières années, alors que les modèles précédents envisageaient les composantes cellulaires et matricielles comme des éléments dotés de comportements mécaniques passifs, l’axe des recherches s’est déplacé vers la capacité spécifique des cellules à détecter et à réagir aux forces mécaniques : la mécanosensibilité [15,32,33] (figure 1). Cette capacité des cellules à percevoir leur environnement implique un certain nombre de protéines membranaires (intégrines, cadhérines, jonctions cellulaires et autres protéines membranaires mécanosensibles) reliant les cellules entre elles ou à l’environnement matriciel, impliquant les PGs et de l’AH [22-24] dans leurs fonctions de signalisation. L’ensemble de ces signaux mécaniques perçus par les cellules vont déclencher des réponses cellulaires adaptatives aussi bien électro-chimiques que mécaniques capables de modifier leur comportement, leur relation à l’environnement ou la structure de celui-ci. Si toutes les cellules possèdent intrinsèquement cette faculté, les fibroblastes [33,34] constituent des cellules mésothéliales dotées du pouvoir particulier de construire la MEC en en sécrétant la quasi-totalité des composantes. Elles seraient particulièrement impliquées dans la construction, la régulation et la plasticité du système myofascial décrit par Stecco [7]. Cette dernière en proposant une conception systématique de l’organisation fasciale a fourni un nouveau cadre anatomique à ces approches mécanobiologiques. Récemment Pirri et al. [35] ont suggéré le rôle essentiel des fibroblastes dans sa construction et leurs travaux montreraient « que le mouvement modélise les renforts fasciaux, structurant le système fascial, notamment en fin de grossesse ». Les lignes de renforcement fasciales se constitueraient ainsi en réponse aux contraintes mécaniques imprimées par les muscles du fœtus lors de ses mouvements intra-utérin. Stecco rapporterait par ailleurs la découverte d’une variété spécifique de fibroblaste, les fasciacytes, dédié à la sécrétion de l’AH essentiel au maintien des propriétés mécaniques fasciales tout au long de la vie [36].
Afin de répondre à cette effervescence de découvertes bousculant les conceptions classiques, Theise et al. en 2013 [37] ont proposé une nouvelle approche biologique fondée d’une part sur la théorie de la complexité et d’autre part sur la biologie des systèmes. Auparavant, les approches réductionnistes théorisées notamment par Monod avec son ouvrage Le hasard et la nécessité [38], trouvant leur fondement dans le discours de la méthode de Descartes, ont apporté un certain nombre de réponses ponctuelles. Allant de pair avec un certain déterminisme comme le démontrent Sonigo et Kupiek dans Ni dieu, ni gène [39], elles proposent une modélisation de type cybernétique du vivant cohérente pour appréhender des fonctions étudiées isolément, mais apparaissent impuissantes à évaluer et à comprendre de manière complète un système biologique complexe. Pour tenter de répondre à ces problématiques, Theise et al. [37] proposent une nouvelle approche holistique stipulant que, comme les physiciens quantiques, les biologistes doivent considérer que les limitations conceptuelles d’un cadre expérimental nous empêchent de considérer pleinement et simultanément tous les aspects d’un phénomène quantifié observé. Ils considèrent que la théorie de la complexité, se fondant sur la nature auto-organisée des entités vivantes observées aux propriétés stochastiques non linéaires, doit de ce fait définitivement prendre en compte la position de l’observateur, limitant ainsi la description et les résultats expérimentaux obtenus. En affectant de manière inéluctable les interactions entre l’observateur et le phénomène observé, leur séparation ne peut être qu’une frontière théorique dont la réalité est impossible à discerner. La complémentarité, naissant de points d’observation différents dans l’observation d’un même phénomène, devient ainsi intrinsèque à l’étude des systèmes biologiques. Theise et Kafatos [37] en tirent les conséquences en affirmant : »La complémentarité dans la vie indiquerait qu’aucune technique ou perspective unique ne permet d’avoir une vue d’ensemble de toutes les qualités et de tous les comportements d’une entité biologique ; au contraire, des perspectives complémentaires, qui excluent nécessairement et irrévocablement toutes les autres au moment où une approche expérimentale est choisie, sont nécessaires pour comprendre l’ensemble. »
L’une des conséquences immédiate et évidente de cette conception est la nécessaire mise en contexte du système étudié. Ainsi, étudier le comportement d’une molécule d’actine unique pour en tirer un comportement déterminé est vain, mais établir une tendance générale majoritaire de l’action des filaments d’actine au sein du cytosquelette d’une cellule peut être envisagé. De même, l’étude de cellules isolées dans un micro-environnement artificiel ne peut certainement plus servir de modèle définitif pour la théorie du vivant et doit s’ouvrir sur une prise en compte de leurs interactions dans leur environnement matriciel définissant un contexte fonctionnel donné.
Ces dernières années, il semble que ce soit dans cette dynamique que s’inscrivent les travaux de l’équipe de Theise [8,9,11,37] afin d’apporter des preuves expérimentales à ces conceptions théoriques de l’interstitium. S’inspirant des premiers travaux de Mall au tout début du XXe siècle et tombés dans l’oubli [40], son équipe a cherché à démontrer la réalité anatomique et la dynamique de la circulation interstitielle [8,9]. Ils ont observé des canaux non vasculaires délimités par des structures matricielles membraneuses au sein desquels des flux liquidiens baigneraient les cellules.
Le foie comme modèle interstitiel
En 2020, afin d’explorer les interactions mécanobiologiques entre les cellules et leur environnement interstitiel, Chin et al. [41] au sein de l’équipe de Theise ont cherché à explorer certains processus physiopathologiques du foie. Ils ont étudié les modifications du comportement des cellules hépatiques, les hépatocytes, lorsqu’ils stockent de grosses gouttelettes lipidiques. En raison d’une alimentation trop calorique, ce processus de stockage est au cœur du syndrome métabolique [42,43], véritable épidémie mondiale [44], dont la stéatopathie non alcoolique (NAFLD – Non Alcoholic Fatty Liver Disease) est la première étape qui peut conduire à plus ou moins long terme à une stéatohépatite non alcoolique (NASH), une cirrhose ou à un carcinome hépatocellulaire (CHC). Les chiffres de l’OMS sont éloquents et font état de 1,5 milliards de personnes atteintes de maladies chroniques dont 60 % en raison d’une NAFLD qui, si elle touche primairement le foie et peut générer une atteinte hépatique grave, pourra conduire à différentes manifestations cliniques comme l’obésité, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, des atteintes cardio-vasculaires, un diabète de type 2, ou une insulinorésistance. L’étude de cohorte de l’INSERM « Constances » [45] se basant sur l’enquête épidémiologique nationale ObÉpi-Roche réalisée en 2012 chiffrait sa prévalence à 16 % de la population adulte du pays. En 2020, un autre recensement réalisé par La ligue contre l’obésité [46] porte à 17 % de la population française le nombre de personnes souffrant d’obésité, soit 8 567 128 d’individus, et même à 2,0 % le nombre d’individus en obésité massive soit plus d’un million de personnes. S’intéressant à l’évolution pathologique du foie lui-même, Chin et al. se sont intéressés aux transformations parenchymateuses conduisant les tissus à la fibrose matricielle. Leurs travaux se fondent sur de précédentes études [47,48] ayant démontré que la modification des propriétés mécaniques tissulaires matricielles se trouve associée aux altérations structurelles conduisant à la fibrose, caractéristique de nombreuses pathologies hépatiques et peut constituer un facteur favorisant des processus pathologiques de nombreuses maladies dont le cancer [49]. C’est notamment le cas du carcinome hépato-cellulaire (CHC) qui survient dans 80 à 90 % des cas dans un contexte de foie cirrhotique fibrosé, la raideur hépatique élevée se trouvant très corrélée au risque élevé de CHC.
De ce fait, depuis une vingtaine d’années, l’altération des propriétés mécaniques du foie fait l’objet de l’attention des spécialistes qui utilisent l’élastographie ultrasonore [50,51] pour caractériser l’évolution d’un certain nombre de pathologies qui pourront modifier la raideur hépatique (fibrose, cholestase intra-hépatique, augmentation de la pression veineuse par congestion, augmentation de la pression intra-abdominale).
Des travaux in vitro effectués sur des hépatocytes montrent que l’augmentation de la raideur de la MEC modifie leur expression génétique et leurs fonctions cellulaires de même que leur motilité et leur raideur [52,53]. Partant du fait que le CHC se développe également chez les patients atteints de NAFLD, dont un tiers ont un foie non cirrhotique, sans rigidité tissulaire avérée, les auteurs ont émis l’hypothèse d’une autre voie mécanique responsable du développement de la pathologie. Ils ont ainsi démontré que, conformément à leur hypothèse, de grosses gouttelettes lipidiques stockées dans les hépatocytes de ces foies généreraient des contraintes mécaniques intra-cellulaires. Agissant sur les filaments d’actine du cytosquelette, ces contraintes provoqueraient une augmentation de la localisation nucléaire d’une protéine mécano-effective, la Yes associated protein 1 (YAP1) particulièrement impliquée dans les processus de mécanotransduction qui se mettent en place lors des maladies du foie [54]. Ils ont également observé une diminution de la propagation cellulaire induite par la raideur, et une perturbation des adhérences focales et des fibres de stress (figure 2). Ces gouttelettes lipidiques seraient ainsi à l’origine d’un stress mécanique intra-cellulaire susceptible de conduire à un CHC par une voie mécanique distincte de celle induite par le substrat matriciel. Ces résultats démontreraient que, tout comme l’altération fibrotique matricielle pourrait induire un comportement pathologique cellulaire, ces gouttelettes pourraient également altérer la détection des contraintes matricielles et la réponse des hépatocytes pour conduire à un CHC. Les cellules réagiraient aussi bien à une modification mécanique de leur environnement matriciel qu’à celle du milieu intracellulaire et pourraient y répondre de manière pathologique de diverses manières en induisant une CHC ou par une altération de leur sécrétion matricielle amenant à la fibrose. Cette étude porte un regard nouveau sur les processus physiopathologiques en éclairant les processus mécanobiologiques d’interactions des cellules avec leur microenvironnement. Elle démontre un lien entre l’accumulation d’acide gras intra-cellulaire, consécutif à l’excès d’absorption d’aliments caloriques caractéristique du syndrôme métabolique, et la NAFLD, la NASH, la cirrhose ou le CHC. Anatomiquement, si ces mécanismes sont à l’œuvre dans le parenchyme hépatique, partie fonctionnelle de l’organe, affectent-ils consécutivement l’enveloppe fasciale du foie, la capsule de Glisson ? Est-ce au contraire la capsule qui en constitue le point de départ ? Ou bien existe-t-il deux processus conjoints et distincts ? Ce sont les questions que cette équipe de chercheurs se sont posées dans une étude récente consacrée à l’altération structurelle et fonctionnelle de la capsule de Glisson chez des patients présentant des atteintes hépatiques [55].

La capsule de Glisson, enveloppe fasciale hépatique
Le tissu parenchymateux hépatique forme un volume ovoïde épais à droite et s’effilant pour finir en pointe à gauche sous la coupole diaphragmatique gauche. Il est séparé en quatre lobes, droit, carré, caudé et gauche dont chacun est recouvert sur toute sa surface d’une enveloppe fasciale qui forme une enceinte continue, la capsule de Glisson. La couche profonde tapisse de manière intime les différents lobes, en continuité directe avec le parenchyme hépatique, apportant un soutien structurel et protecteur pour l’intégrité de l’organe. Le feuillet superficiel se prolonge par un certain nombre d’épaississement fasciaux ligamentaires arrimant le foie au diaphragme. S’étendant à sa face postérieure, le ligament coronaire, composé de deux feuillets supérieur et inférieur, est un épaississement répondant à l’area nuda à la face inférieure du diaphragme droit autour de l’orifice de la veine cave inférieure rejointe par les veines sus-hépatiques. Aux deux extrémités droite et gauche, l’accolement de ces deux feuillets forme les ligaments triangulaires droit et gauche. Le feuillet supérieur est en relation avec l’extrémité supérieure et postérieure du ligament falciforme, véritable expansion du diaphragme traversant le foie, qui les arrime intimement ensemble. Il se termine par le ligament rond qui se prolonge dans le sillon ombilical jusqu’à l’ombilic [56,57].
Classiquement décrits comme « éléments de fixité », les feuillets profond et superficiel de la capsule de Glisson présentent des propriétés élastiques lui permettant de s’adapter aux contraintes structurelles fonctionnelles aussi bien intrinsèques qu’extrinsèques. Les premières sont induites par les changements de taille des hépatocytes en fonction des périodes d’activité ou de repos, notamment en phase post-prandiale et des fluctuations de sa régulation circadienne notamment endocrinienne. L’enveloppe capsulaire doit ainsi s’adapter à des variations géométriques et volumiques de l’ordre de 34 % chez la souris et de 10 à 15 % chez l’humain [58]. Elle subit également des contraintes extrinsèques, particulièrement en raison de la très forte connexion entre le diaphragme et le foie qui impose à ce dernier de répondre à la dynamique cyclique ventilatoire. L’ascension et la descente alternées de la paroi diaphragmatique, de l’ordre de 15 mouvements par minute, déplace l’organe tout en le déformant, nécessitant que sa morphologie s’y adapte. Ces propriétés dynamiques supposent que ces deux feuillets, à l’instar des fasciae épymisiaux et aponévrotiques de l’enveloppe corporelle [7,59] puissent glisser entre eux. Enfin, le feuillet inférieur du ligament coronaire, se prolongeant par le petit épiploon entourant le hile du foie, permet d’établir une continuité digestive viscérale, constituant un véritable collecteur circulatoire reliant le foie à l’œsophage abdominal, à l’estomac et au duodénum et livrant passage au canal cystique, au canal hépatique commun, à l’artère hépatique et à la veine porte. De ce fait, la quasi-totalité des flux veineux sous diaphragmatiques porte, drainant le sang digestif, et cave passent par le foie pour rejoindre le cœur droit, et dépendent également de la qualité de cette dynamique ventilatoire conjointe.
Mécanobiologie et biomécanique de la fibrose capsulaire hépatique
Dans une étude réalisée en 2022, Llewellyn et al. [55] cherchaient à caractériser les changements structurels interstitiels et cellulaires d’échantillons prélevés chez des patients stéatosiques, modérément fibrotiques et cirrhotiques, comparativement à des participants témoins tout en étudiant leurs propriétés mécaniques (10 échantillons témoins, 6 stéatosiques,
7 modérément fibrotiques et 37 cirrhotiques). Leur objectif était de déterminer s’il existait une corrélation entre des modifications structurelles et mécaniques et l’évolution de la gravité des pathologies hépatiques. Ces chercheurs ont analysé les modifications des principaux composants membraneux de la MEC membraneuse, le collagène et l’élastine, et interstitiels liquidiens, l’acide hyaluronique et le versican. Chez les participants atteints de cirrhoses sévères, ils ont observé une altération de la structure interne des fibres de collagènes dont le sertissage du collagène se trouve réduit dans les capsules cirrhotiques. Ce qui entraîne une diminution de leur élasticité et une fragilité accrue de leur structure.
À ces altérations collagéniques s’ajoute l’augmentation significative de la concentration d’acide hyaluronique et de versican qui s’accumulent dans la partie profonde, interne, de la capsule à la proximité immédiate des tissus parenchymateux. On observe également une prolifération des cellules caractéristiques de la production matricielle inflammatoire : cellules vasculaires, cellules immunitaires infiltrantes (leucocytes), cellules épithéliales biliaires et surtout fibroblastes activés (myofibroblastes). L’ensemble de ces modifications microscopiques (figure 3) (augmentation des composants structurels clés, augmentation du nombre de cellules, changement dans l’organisation matricielle) recompose la structure tissulaire macroscopique avec un épaississement de l’épaisseur globale de la capsule au stade avancé de la maladie. Mécaniquement, on mesure un étirement plus important sous une force donnée et une raideur plus faible comparativement aux tissus sains.

Sur le plan mécanique, ces altérations architecturales se traduisent par des modifications caractéristiques des courbes Force-Déplacement (Load-Displacement) et Contrainte-Déformation (Stress-Strain). La pente de la courbe force/déplacement qui exprime la raideur est nettement diminuée chez les patients atteints de cirrhoses avancées de même que celle de contrainte déformation qui donne le module d’élasticité, signifiant une altération définitive des propriétés mécaniques de leurs tissus capsulaires. Cependant, il semble apparaitre une diminution minime de la pente des courbes de Contrainte-Déformation chez certains participants présentant des pathologies modérées (NAFLD), témoignant d’une possible modification précoce de la dynamique tissulaire même si l’on ne perçoit pas encore d’altérations matricielles significatives.

(A) Capsule (entre les flèches blanches) soumise à un essai en traction. (B) Courbes force-déplacement représentatives. (C) Courbes de contrainte-déformation représentatives. (D) Charges ultimes à la rupture du tissu. (E) Calcul des contraintes maximales à la rupture du tissu. (F) Modules calculés à forte déformation. Les données ont été analysées à l’aide d’un test t de Student non apparié à deux voies et sont indiquées en tant que moyenne ± SEM. N = 4-13.
ETOH, maladie hépatique induite par l’éthanol ;
NAFLD, stéatose hépatique non alcoolique ;
PSC, cholangite sclérosante primaire.
Mécanobiologie, inflammation et contraintes cycliques
Les deux études décrites précédemment apportent des connaissances nouvelles sur les interactions mécanobiologiques des cellules hépatiques avec leur environnement matriciel. D’une part l’étude de Chin et al. [41] a mis en évidence que la présence de grosses gouttelettes lipidiques dans les hépatocytes pourrait également induire un CHC en modifiant le comportement mécanique des cellules avec leur micro-environnement, augmentant la raideur du parenchyme hépatique. D’autre part, Llewellyn et al. [55], qui ont choisi d’explorer l’évolution et la reconfiguration de la MEC capsulaire liée aux pathologies inflammatoires du foie (stéatose, fibrose modérée et cirrhose), ont montré que la capsule de Glisson pourrait être un site actif de ces pathologies chez l’homme. Cependant, contrairement aux régions parenchymateuses, il semblerait que les altérations observables ne surviennent que lors de la phase finale cirrhotique de la maladie. Ce qui, pour les auteurs, laisse entrevoir un processus physiopathologique graduel du parenchyme dont les premiers stades, s’ils impliquent la capsule fonctionnellement, ne provoquent pas de modifications structurellement observables. Ils interprètent ces observations comme un mécanisme de protection et de compensation pour équilibrer fonctionnellement les surpressions qui s’installent au cœur des tissus parenchymateux de l’organe. Selon eux, une capsule plus souple pourrait servir de mécanisme compensatoire pour réduire ces contraintes internes, minorant ainsi l’hypertension portale observée dans la cirrhose.
Nous suggérons qu’il pourrait s’agir d’un processus adaptatif plus global : l’évolution de la dégradation de son enveloppe fasciale pourrait ainsi être corrélée à des altérations de son comportement mécanique amplifiant et/ou découlant de l’action inflammatoire, au fur et à mesure de la rigidification parenchymateuse. Pour appréhender ce mécanisme physiopathologique viscéral, nous proposons d’établir un parallèle avec les contraintes cycliques de la fonction locomotrice qui s’exercent sur les unités ostéo-chondrales que sont les articulations. Au sein de ces unités, les chondrocytes sont soumis à des contraintes diverses de compression, traction et cisaillement provenant du système myofascial auquel elles sont connectées. Elles y réagissent en sécrétant les différentes composantes de la matrice cartilagineuse [60]. Bien évidemment, elles peuvent produire une matrice dégradée [61,62] à l’origine de l’arthrose en réponse à des évènements traumatiques ou à des contraintes myofasciales altérées. Cependant un consensus semble se dessiner pour un processus physiopathologique plus complexe, selon lequel la dégradation matricielle répond à divers facteurs dépassant le simple cadre de la fonction locomotrice [63-65]. Il implique l’influence de l’inflammation de bas grade due à des causes locales ou générales, du stress oxydatif et la présence de comorbidités comme le diabète. L’ensemble de ces stimulis sont susceptibles, conjugués aux contraintes mécaniques cycliques locomotrices, de déséquilibrer l’alternance catabolisme/anabolisme [66]. En particulier, le déséquilibre du rythme circadien et la diminution de la synthèse de mélatonine qu’il provoque peut influencer ce système (figure 4) [67]. Les études les plus récentes [65] montrent même que, si l’apparition des symptômes est la conséquence de l’interaction entre les lésions mécaniques de l’unité ostéo-chondrale et l’inflammation chronique de bas grade de la membrane synoviale, on observe auparavant la présence de lésions osseuses sous-chondrales.

Ainsi, que ce soit les fibroblastes de la capsule de Glisson ou les chondrocytes produisant celle des unités ostéo-chondrales, ce serait bien la conjugaison des facteurs biologiques locaux et généraux et des contraintes mécaniques cycliques qui participerait à l’altération pathologique des propriétés mécaniques fonctionnelles des interfaces fasciales (tableau I).

Dans le cas du foie et de son enceinte fasciale, bien que soumis indirectement aux contraintes cycliques de l’appareil locomoteur, nous suggérons que ce soit le diaphragme qui soit la source des forces mécaniques auxquelles ils sont soumis. Paroi séparant le thorax de l’abdomen tout en étant considéré comme un muscle en raison des fibres musculaires des parties verticales de ses coupoles, le diaphragme est un élément anatomique complexe dont le rôle d’inspirateur principal semble bien loin de décrire la complexité de ses rôles dans de multiples fonctions.
Dynamique ventilatoire et diaphragme
D’un point de vue évolutif, la fonction ventilatoire est étroitement liée à l’apparition et au développement d’une respiration aérienne. Selon Roux [68], cette respiration semble être apparue plusieurs millions d’années avant l’apparition des premiers tétrapodes et la vie en milieu aérien. D’abord limitée à la cavité buccale, l’appareil ventilatoire a commencé à évoluer à partir des structures céphaliques et axiales développées précédemment pour la fonction digestive. D’une structure monocavitaire ou sacculaire, elle s’est complexifiée chez les amniotes pour constituer des organes pluricavitaires eux-mêmes organisés en subdivisions successives pour aboutir aux poumons bronchoalvéolaires des mammifères [68]. A partir de la localisation buccale originelle, ces structures ont progressivement colonisé la région cervicale et thoracique. Par ailleurs, l’augmentation de la surface d’échange gazeux s’est également effectuée par un réseau de septa à la surface des cavités pulmonaires. De tels poumons complexes supposent l’évolution conjointe d’une mécanique ventilatoire recrutant au fur et à mesure de sa descente vers le thorax les muscles axiaux des régions cervicales et thoracique. À partir d’un mécanisme de compression par refoulement impliquant exclusivement la bouche, la fonction ventilatoire est devenue chez les amniotes un mécanisme par aspiration impliquant les muscles de la paroi corporelle et leurs dérivés [69].
Chez les mammifères, de nombreux groupes musculaires participent à chaque cycle à la dilatation/constriction des sacs pulmonaires que l’on peut classer en deux groupes selon leur mode d’action liée à leur localisation. Le premier groupe, constitué de muscles localisés dans les régions buccale et cervicale, assure le maintien du calibre des voies aériennes supérieures pour éviter leur collapsus résultant de la pression négative générée par la dilatation thoracique inspiratoire. Ils proviennent, au cours de l’ontogénèse, de la musculature segmentaire de la paroi corporelle qui migre autour de l’appareil branchial [69]. Le second groupe, composé de muscles thoraciques (principalement intercostaux) et abdominaux, dilatent la paroi corporelle pour générer l’inflation pulmonaire. Ils dérivent phylogénétiquement des muscles épaxiaux et hypaxiaux des poissons [70]. L’action coordonnée et rythmique de l’ensemble de ces muscles constitue un schéma ventilatoire complexe contrôlé par un groupe de noyaux de neurones pacemakers situés dans le bulbe rachidien et le pont. Ces neurones assument une fonction d’oscillateurs rythmiques qui distribuent leur influx vers des pré-motoneurones de la moelle ventrolatérale [71] qui à leur tour se projettent vers les nerfs crâniens et les motoneurones spinaux thoraciques et abdominaux [69,72]. La régulation de cette rythmicité implique des chimiorécepteurs périphériques carotidiens sensibles à la concentration en oxygène sanguin et centraux situés à proximité des centres oscillateurs sensibles à celle du dioxyde de carbone. Elle influera sur l’intensité des signaux effecteurs afin de renforcer ou de diminuer la fréquence et l’amplitude des actions musculaires ventilatoires. Le système oscillateur central serait probablement antérieur à la respiration aérienne, initialement dévolu à l’activité branchiale [73] et se distribue aux effecteurs musculaires qui conservent par ailleurs, de par leur origine phylogénétique et ontogénique, une forte connexion avec leurs fonctions d’origine digestive [69] ou locomotrice [69,74-76]. Le diaphragme, présent uniquement chez les mammifères, semble s’être ajouté à cet appareil complexe pour répondre, comme le suggère Roux [68], à la moindre compliance de poumons à la surface d’échange démultipliée. Mais qu’en est-il exactement ?
Décrite pour la première fois par Erasistrate et confirmée par Galien, la fonction du diaphragme semblait définitivement acquise : la dilatation du thorax dévolue à la fonction ventilatoire. Owen en 1868 [77] pose pour la première fois la question de l’origine de ce muscle propre aux mammifères alors que Le Double et Marey en 1897 [78] recadrent le débat en insistant sur son anatomie liée au foie et au couple péricarde/cœur. Ils ajoutent qu’embryologiquement il est intimement lié à la formation des cavités et à la partition thoraco-abdominale. Phylogénétiquement, il apparait que cette dernière a longtemps été réalisée par une septation passive [69], les plus fréquentes trouvées chez les vertébrés aériens sont les septa post-pulmonaire (SPP) et post-hépatique (SPH) selon que sa relation semble liée tantôt aux poumons, tantôt à la capsule fibreuse du foie et dont l’un des rôles est l’arrimage de certaines composantes du mésentère. L’origine des fibres musculaires ayant présidé à l’origine du diaphragme fait l’objet d’une controverse ancienne avec plusieurs hypothèses contradictoires récentes. Hirasawa et Kuratani [76,77] à partir de travaux sur les progéniteurs musculaires couplés à des analyses comparatives retraçant le siège d’origine phylogénétique chez de nombreuses espèces, proposent un scénario impliquant des fibres du subscapulaire alors que Sefton et al. [81] suggèrent que les progéniteurs du diaphragme proviennent initialement des somites cervicaux et suivent dans leur « descente » les membranes pleuropéritonéales. Dans les deux cas, l’innervation haute des muscles d’origine aurait permis aux fibres diaphragmatiques de bénéficier de la rythmicité des oscillateurs bulbaires. Ce qui expliquerait la confusion sur son rôle ventilatoire.
En effet, Kocjan et al. [82] notent qu’il participerait à de nombreuses autres fonctions thoraco-abdominales comme la modulation du contrôle vasculaire, la fonction lymphatique, comme barrière anti-reflux gastro-oesophagien et la déglutition. Perry et al. [69,70] suggèrent qu’il assumerait également des fonctions non rythmiques notamment lors des actions d’expulsions en relation avec la fonction ventilatoire, lors des efforts de toux, d’expiration volontaire forcée et du rire, lors de la défécation, des vomissements, de la miction et de la parturition. Concernant cette dernière, Jones rapportait dès 1913 de « nombreux cas d’hématomes multiples du diaphragme chez des femmes mortes en couches ou à la suite d’un accouchement » et Perry et al. [69] suggèrent que : « D’un point de vue évolutif, on peut émettre l’hypothèse que le développement d’un diaphragme musculaire au début de la lignée des mammifères a contribué à permettre aux mammifères de mettre au monde et de donner naissance à une progéniture vivante. De plus, la fonction expulsive du diaphragme pourrait être considérée comme une exaptation favorisant l’évolution de la taille de la tête chez l’homme (et donc du cerveau humain « disproportionné ») ».
Perry et al. concluent que sa fonction ventilatoire ne soit finalement qu’une exaptation c’est-à-dire une fonction accessoire devenue principale ou prétendue comme telle. Ils envisagent ainsi le rôle du diaphragme comme organisateur viscéral selon deux modes, statique et dynamique. Le mode statique serait caractéristique de son activité ventilatoire en maintenant les viscères abdominaux pour éviter leur remontée lors de l’inspiration : la dépression pleurale, nécessaire à l’établissement d’un gradient de pression avec l’air atmosphérique, générée par la dilation intercostale, les attirant vers la cavité thoracique. Un premier mode dynamique concerne le couplage des fonctions locomotrice et ventilatoire lors de la marche et de la course. Bramble [83,84], Carrier [74] et Perry [76] et leurs coauteurs ont observé de nombreuses preuves de ce couplage avec notamment des synchronisations entre les rythmicités de ces deux fonctions même avec des mécanismes ventilatoires différents. La contraction diaphragmatique serait alors synchronisée avec celle de la locomotion afin de contrer le déplacement inertiel des viscères abdominaux et ainsi stabiliser le contenu péritonéal au cours du mouvement. Un second mode dynamique s’observerait lors des activités impliquant des efforts musculaires de force ou de vitesse, en dehors de la marche et de la course, nécessitant un maintien postural. C’est le cas par exemple dans certains sports comme l’haltérophilie, les sports de combat ou les lancers. L’organisme devra produire des efforts, intenses ou rapides, des muscles de la paroi corporelle pour lesquels il sera nécessaire de s’appuyer sur une structure axiale stabilisée. Hodges et al. [85,86] observent une activité anticipatoire diaphragmatique préalable aux mouvements des membres supérieurs, une synchronisation de l’activité du diaphragme en cas de mouvements rapides et répétitifs ainsi que des synchronismes avec les muscles abdominaux et pelviens. Perry et al. [69] notent « que les muscles du plancher pelvien sont liés aux muscles respiratoires par des réflexes polysynaptiques qui sont déclenchés par des augmentations de la pression abdominale lors de l’expiration – toux – ou de l’inspiration – reniflement ». Ces différentes constatations supposerait la co-activation du diaphragme, des muscles abdominaux et pelviens nécessaire à l’augmentation de la pression intra-abdominale observée lors de ces tâches posturales. Lors des efforts de levage, Perry et al. [69] avancent que « le diaphragme semble être le principal déterminant du niveau de pression atteint, auquel contribue également la fermeture de la glotte. » Cela s’associerait à l’augmentation de rigidité rachidienne et à la stabilisation du jeu intervertébral lombaire.
L’ensemble de ces éléments laisse apparaitre une double implication du diaphragme au sein du système fascial :
– en raison de son intégration au sein de l’appareil rythmique ventilatoire, il interagirait avec le système myofascial de l’enveloppe corporelle lié à l’activité locomotrice et se comporterait, comme le propose Aliverti et al. [87,88], comme un générateur de flux ;
– en raison de sa situation anatomique exceptionnelle au sein de la cavité thoraco-abdominale lui permettant d’avoir une liaison anatomique avec tous les organes qui s’y trouvent, il jouerait un rôle d’organisateur viscéral. À la fois stabilisant pour les maintenir en place mais également dynamisant pour favoriser les échanges vasculaires interstitiels (Benias et al. [8]) aussi bien que veineux et lymphatique (Kocjan et al. [82]).
Le foie comme modèle viscéral fascial rythmique
En raison de sa connexion très intime au diaphragme avec lequel il possède une surface de contact avec la quasi-totalité de la coupole droite et déborde largement vers la gauche, le foie est mobilisé au rythme de la dynamique ventilatoire. Les mouvements du diaphragme le mobilisent comme une pompe et lorsque la dégradation matricielle est suffisamment avancée, comme dans le cas des unités ostéochondrales, cette dynamique est susceptible d’accélérer les processus pathologiques en amplifiant les effets des phénomènes inflammatoires. Toutefois, l’altération des propriétés mécaniques hépatiques pourrait avoir d’autres conséquences en modifiant en retour la dynamique du diaphragme influant ainsi sur l’ensemble de ses fonctions.
En raison de son implication dans la dynamique circulatoire, cette altération de la dynamique diaphragmatique provoquerait une diminution de la résorption veineuse sous diaphragmatique, qu’elle provienne du système porte mésentérique qui se draine dans le foie ou de la veine cave inférieure qui le traverse. En amont, comme le suggère Benias et al. [8], cela influerait puissamment sur la circulation interstitielle et la diffusion liquidienne au sein des espaces viscéraux thoracique et surtout abdominaux mais également sur le retour veineux des membres inférieurs. En aval, cette diminution est susceptible de diminuer la précharge du flux sanguin sus-hépatique qui, en raison de la loi de Frank-Starling, peut affecter la fonction cardiaque. Selon cette loi qui décrit la relation entre le volume de remplissage du cœur et la force de contraction cardiaque, plus la précharge correspondant au degré d’étirement des fibres myocardiques avant la systole est élevée, plus la contraction serait efficace [89]. La diminution de cette précharge, de la même façon que lors d’une hémorragie, pourrait avoir des conséquences sur la fonction cardiaque.
D’autre part, elle influera principalement sur la dynamique de la coupole diaphragmatique droite qui, pour une contraction équivalente produira une déformation altérée de sa géométrie. Même si celle-ci s’avère minime, elle se répétera à chaque cycle avec une moindre efficacité dans son action ventilatoire. En raison des mécanismes de compensation, l’appareil ventilatoire devra adapter son recrutement musculaire pour conserver l’adéquation des besoins en oxygène et de la résorption du dioxyde de carbone mesurés par les chémorécepteurs. Du fait de l’implication conjointe de la plupart des muscles ventilatoires dans la fonction locomotrice, cette dernière devrait également adapter ses stratégies ce qui modifiera les trajets de transmission des contraintes au sein du système fascial. Si le phénomène perdure dans le temps ces contraintes cycliques altérées pourraient s’imprimer dans les tissus, comme dans le cas d’un traumatisme, en raison de la réponse des fibroblastes aux stimulis mécaniques qui pourraient reconformer les travées collagéniques.
Nous proposons donc que de futurs travaux explorent ces mécanismes afin d’éclairer les processus physiopathologiques et les interactions entre les organes, leurs fasciae viscéraux et la dynamique rythmique ventilatoire.
Vers un modèle clinique mécanobiologique rythmique
La description systématique du système fascial humain par Stecco [7] apporte un cadre anatomique nouveau au sein duquel les forces mécaniques interagissent avec le système neurosensoriel [90,91]. Concernant aussi bien l’enveloppe corporelle que les structures viscérales et neurales, ce réseau servirait de support à un nouvel organe circulatoire, complémentaire des systèmes vasculaires sanguins artériels et veineux, et lymphatique. Ce « troisième espace » qui constituerait, selon Theise [11,36], l’interstitium serait soumis à des cycles de distension/compression que produirait, selon Benias et al. [8], l’action mécanique des organes auprès desquels ils sont localisés. Ces cycles, qui animerait les organes par les fonctions rythmiques cardiaques, ventilatoires et péristaltiques [92], seraient produits par des cellules spécifiques nommées oscillateurs ou pacemakers étudiés par les chronobiologistes [93-96]. Nous suggérons que cette approche chronobiologique de l’interstitium et du système fascial fasse l’objet d’un nouveau modèle multiéchelle apportant un cadre spatio-temporel complexe du corps. L’implication de la mélatonine [66], essentielle à la synchronisation circadienne de l’ensemble de nos horloges internes, dans l’activité inflammatoire et la dégradation tissulaire abordée précédemment montre l’intérêt mécanobiologique de son action hormonale. L’influence de la rythmicité ventilatoire mettant en lien l’adaptation ventilatoire par l’inflation/rétraction de l’ensemble de l’enveloppe corporelle avec la nécessité respiratoire cellulaire assurée par les mitochondries en est une autre illustration qui nous apparait incontournable à la compréhension de la dynamique interstitielle et fasciale. Au centre des pratiques les plus anciennes que sont notamment le yoga et le qi qong, la respiration a fait l’objet de nombreuses approches aussi bien posturale [97-99] que morphogénique, particulièrement du système maxillo-mandibulaire [100-106] sans qu’un modèle théorique général parviennent à émerger. Selon Gagey [107], il existerait un mystère « posture-ventilation ». L’intégration des approches chronobiologiques permettant de battre la mesure des interactions mécanobiologiques complexes cellules/MEC devrait faire apparaitre des propriétés émergentes au sein des systèmes biologiques. Elle permettrait ainsi d’éclairer le rôle de la ventilation dans la morphogénèse et ses interactions avec les autres systèmes rythmiques à chaque niveau d’organisation, de la conception à la mort.
Ces nouvelles perspectives d’ordre théorique devraient faire apparaitre des axes physiopathologiques et diagnostiques tout en amenant les praticiens à s’interroger sur les interactions entre les mécanismes dans la mise en œuvre de leurs pratiques thérapeutiques, manuelles ou non. Ainsi de nombreuses questions se posent lorsque leurs actions mécaniques manuelles interagissent avec le corps de leurs patients et s’exercent sur des structures anatomiques et des organes :
– Quelles influences ces actions ont-elles sur les tissus directement ou indirectement stimulés ?
– Impliquent-elles une amélioration de la dynamique interstitielle à court, moyen ou long terme ?
– Affectent-elles et de quelles manières le système fascial et sa conformation ?
– Cette redynamisation entraine-elle une modification des réponses cellulaires, des processus inflammatoires, de la posture ou d’autres paramètres ?
Ces futurs travaux devraient s’inscrire dans une approche complexe telle que la définissent Macklem [108] ou Morin [1,109], les rythmicités constituant une réponse auto-éco-organisée du vivant au chaos. Elle suppose que chercheurs et praticiens en comprennent les enjeux au cœur des interactions mécanobiologiques à l’échelle microscopique impliquant les milieux interstitiels aussi bien que dans la construction de l’organisation corporelle macroscopique des organes et de l’organisme dont le système fascial constitue le support biomécanique. Pour cela, ils devront appréhender la multiplicité des mécanismes en jeu au sein d’un organisme en connexion avec son environnement biologique, impliquant le système immunitaire (alimentation, agents polluants, pathogènes et microbiote), ainsi que dans ses interactions sociales et anthropologiques. Enfin et peut-être surtout, une telle approche complexe suppose d’abolir les limites entre les nombreux domaines scientifiques étudiant ces phénomènes pour développer des travaux de recherche intégrant pleinement l’expérience clinique des praticiens corporels. Ce dernier point nécessitera bien évidemment de décloisonner les disciplines médicales et de fluidifier les rigidités hiérarchiques pour parvenir à établir une collaboration sans a priori entre les différentes spécialités thérapeutiques où tous devront maîtriser le vocabulaire, les outils, les concepts propres à penser « complexe » [110].
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