Longtemps délaissés par les anatomistes, ignorés par les médecins, les fasciae sont devenus ces vingt dernières années un domaine émergent prometteur de la recherche scientifique sur le vivant. Pourtant un certain nombre d’anatomistes, dont Bichat fut certainement le premier a en avoir fait un sujet d’étude à part entière et surtout le fondateur de l’ostéopathie A.T. Still qui en a fait le support de son action thérapeutique manuelle, en ont eu l’intuition précoce. Cependant, faute de modèle physiologique leur accordant un rôle fonctionnel démontré, ils sont restés « transparents » à l’image de leur représentation dans les manuels d’anatomie.
Cette rubrique est destinée à vous donner des jalons pour vous faire découvrir une anatomie renouvelée où fasciae et interstitium participent à la construction de ces édifices incroyablement complexes et improbables que sont les corps. Abritant des milliards de cellules auxquelles elles fournissent support protecteur et nourricier, les organismes complexes se déclinent depuis plusieurs centaines de millions d’années sous la forme de champignons, de végétaux ou d’animaux. Ils ont envahit la biosphère dans une explosion de vie protéiforme, l’évolution du règne animal constituant l’étape ultime (pour le moment ?…) caractérisé par la mobilité des corps dans l’espace aquatique puis terrestre et aérien. L’exigence sans cesse accrue des performances motrices pour la survie de chaque espèce a contribué à structurer une organisation du système fascial propres à chacune. La bipédie humaine, unique dans sa constance malgré sa fragilité apparente, semble vouloir s’affranchir de la gravité pour se dresser sur ces deux membres inférieurs vers le ciel…