Si le système fascial est une création de nos cellules qui le remodèle tout au long de la vie de chaque individu, il est en étroite interconnexion avec le système nerveux grâce à l’ensemble des mécanorécepteurs disséminés dans ses enveloppes. Les fasciae profonds de l’enveloppe corporelle sont particulièrement riches en récepteurs (terminaisons nerveuses libres, appareil de Golgi, fuseaux neuro-musculaires…) permettant ainsi la régulation des mouvements de l’appareil locomoteur et la proprioception. Cette dernière, constituant un véritable sixième sens, est particulièrement impliquée dans la perception de l’intégrité corporelle et essentielle à la construction de l’Umwelt propre à chaque espèce comme à chaque individu. Ce terme qui désigne le monde perceptif propre à chaque espèce, constitué de ses stimuli sensoriels spécifiques, aussi bien intéroceptifs qu’extéroceptifs, qui façonnent sa perception, son comportement et son expérience subjective de la réalité,

Longtemps, les aspects sensitifs des atteintes neurologiques sont restées au mieux incomprises voir totalement délaissées par les neurologues qui préféraient se concentrer sur les composantes volontaires et motrices. C’est à la perceptivité, la persévérance, l’érudition et le talent littéraire d’Oliver Sacks que l’on doit la compréhension de nombre de ces troubles sensoriels qui affecte chaque patient de manière si spécifique et intime. Et sa pratique nous révèle non seulement les mécanismes neurologiques propre à chaque atteinte mais également le cheminement que tout patient devra effectuer pour accepter puis dépasser ses déficits pour s’approprier sa pathologie et continuer le cours de sa vie.